En cuisinant mon poisson le couteau à la main, je pensais à TAI-SABAKI et ASHI-SABAKI.
SABAKI est un mot nominalisé du verbe SABAKU = traiter, faire, découper en détail (comme traiter un poisson morceaux par morceaux selon la recette).
Le kanji de TAI se lit aussi KARADA =le corps pour les deux Kanji.
Vous connaissez déjà ASHI = le(s) pied(s) et le(s) jambe(s).
ASHI-SABAKI est le déplacement et le travail des pieds et des jambes.
Quant au déplacement du corps est appelé TAI-SABAKI.
Pour le MOTODACHI au moment de KIRI-KAESHI par exemple, pour recevoir la frappe, MOTODACHI« présente » Son SHINAI en utilisant sa hanche en rotation avec la souplesse des bras. TAI-SABAKI est cette mobilité du corps. Quand on fait DO, quitter l’axe à l’aide de bon déplacement de ASHI-SABAKI et aussi c’est TAI-SABAKI qui donne l’impacte et la direction de l’ensemble du mouvement après la frappe.
J’ai un faible pour ASHI-SABAKI. La preuve, je tombe facilement. Le corps ne peut pas être stable si les pieds ne sont pas bien positionnés et déplacés. La frappe ne peut pas être valable si le mouvement n’est pas accordé à celui du corps.
Tout ça est à penser en plus de bon frappe, ce n’est pas facile.
Vous aimez faire des bleus sur mes bras et sur mes clavicules, au coude, aux épaules…. vous aimez aussi me donner des bosses sur ma tête, je ne vous montre pas sous mes bras ou ma hanche -Ma pauvre- j’ai l’air « femme battue ». Par crainte de voir quelqu’un en prison, je me mes en manche longue même pendant l’été…
Vous ne me faites même pas peur parce que, vous ne le faites pas exprès. Je sait que ceux qui ont beaucoup de bleus, souvent, ne savent pas faire correctement leur TAI-SABAKI et ASHI-SABAKI, je ne sais pas bien me déplacer pour arriver avant le mauvais coups d’adversaire.
Bonne attaque bien placée avec de bon déplacement fera la meilleure solution pour me défendre. Si je ne veux plus avoir des bleus il faut améliorer mon TAI-SABAKI et ASHI-SABAKI. En théorie……
Mais par fois il y en a des BRUTES qui abusent mes patiences.
Il y a dizaine d’années pendant un des stages d’été, j’ai rencontré une d’entre vous : – espèce de BRUTE -. (RAMBO-MONO en japonais mais prononcez LAN-BÔ = Brute ). ( Pourquoi Brute est féminin !????)
Premier jour, je lui ai dit trois fois Bonjour en face de lui, mais j’étais transparente, il ne me voyait pas , et seulement quatrième fois qu’il m’a vu au coin de l’oeil gauche. Quand je lui ai dit « ONEGAISHIMASU », il m’a répondu avec un petit geste comme pour chasser une mouche.
Ce jour-là, j’ai décidé de lui coller comme une mouche et dès qu’il s’est mit à positionner en MOTODACHI, je suis vite allée devant lui et dit ONEGAISHIMASU.
Il m’a tapé comme une bûche, il m’a poussé hors de champs comme si j’étais son ex (?), il m’a chassé comme une mouche. J’ai gagné des bleus mais comme j’avais décidé de l’embêter je lui ai collé aussi un très joli MEN comme mon poisson d’avril en papier derrière son dos. Ainsi j’ai gagné des bleus. Il y a des brutes partout mais Cette brute-là est aussi désagréable. Une brute ordinaire ne sait pas qu’elle fait mal aux autres. S’il me fait mal volontairement, parce qu’il sait comment il faut faire ! Ça devient grave et je ne suis pas si gentille que ça, Voyons !
Mes amis qui observaient cette bataille, m’ont dit de ne plus travailler avec lui si je ne veux pas me blesser. Mais j’avais décidé de l’embêter, je retourne chez lui comme sa mouche préférée. Il a attiré mon attention, c’est sa faute. Il a un problème, il pue de problème, je ne peux pas laisser filer à cette façon !
Donc deuxième jour du stage, peu de monde devant lui, je suis allée l’embêter comme une mouche.
Et là, je l’ai vu renaître ! Il me fait des ouvertures, il me donne des conseils, il me félicite quand je fais ce qu’il demande, il me gronde gentiment si je n’arrive pas, il m’a montré plein de techniques, il m’a fait de jolis coups. Il m’a donné son secret.
J’étais satisfaite ! Il n’est pas ce qu’on m’a raconté, il n’est pas si mauvais dans sa technique. Mais c’est vrai qu’il lui manque moitié de Bon KENSHI. Peu de gens lui adresse Bonjour pendant cinq jours du stage, parce qu’il ne dit Bonjour à personne. Plupart des camarades ne savent pas qu’il a une capacité d’être un bon niveau, parce qu’il n’essaie pas d’être Bon à l’intérieur avant d’être meilleur à l’extérieur.
Je pense souvent à lui depuis cet été-là. Parce que j’ai du regret, beaucoup de regret de ne pas avoir eu assez de temps pour devenir Ami. J’aimerai tant lui dire qu’il n’est pas seul au dojo. Pour progresser, on a besoin de partenaire, mais pas d’ennemi, il y a plus de joie de travailler avec les autres que s’entraîner seul devant la glace.
Un Sensei m’a dit que si je suis gentille, vous ne pouvez pas me faire n’importe quoi. Si je peux être un bon MOTODACHI, tout mes camarades progresseront. En Kendo, être gentille ou être sévère, il y a tant de signification et de façon.
Et grâce à vous les BRUTES qui m’obligent, je travaille TAI-SABAKI et ASHI-SABAKI. Pendant que vous les BRUTES perdez votre temps à me faire des bosses, je progresserai mieux que vous !
Quand vos camarades vous disent « Tu nous fais mal ! » Mettez en cause à votre pratique ! Aidons-le de se rendre compte avant qu’on soit à terre. Souvent on ne se rend pas compte de ce qu’on fait soi-même, il faut s’aider à progresser. Il faut savoir écouter ce qu’il ne va pas.
Il y a une phrase en japonais :
UTTE HANSEI, UTARETE KANSHA. 打って反省、打たれて感謝
littéralement : frappé – réflexion, être frappé – remerciement.
Mon interprétation est comme ceci :
Quand on frappe bien et on gagne, il faut revenir à l’action donnée pour faire le point. Il faut se donner le temps de réflexion. Pourquoi j’ai pu frapper ? Comment j’ai pu gagner ? Je revis le moment, je cherche ce qu’il faut améliorer pour que ça produise encore une fois. Et Il faut remercier à son adversaire surtout quand il m’a frappé, quand j’ai ramassé, quand j’ai perdu. Car dans une défaite on peut tirer des leçons. La défaite apprend beaucoup de choses. Pour surmonter une échec il faut beaucoup d’énergie et du courage. On peut réviser pour ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut jamais faire.
Je fais tendance à répéter toujours le même erreur, il faut encore beaucoup ramasser. Il y a une autre expression en japonais :
UTARE ZUYOKU NARU 打たれ強くなる : Je serai plus forte quand je ramasse. =Ne pas avoir peur de ramasser,Ne pas avoir peur de perdre.
Chers tous, Mme ENDO Minori, 6 dan, pratiquant le kendo à l’USML (78), m’a donné l’autorisation de publier ses articles. C’est donc avec grand plaisir que je les mettrai en ligne à raison de 1 par semaine.