Séjournant sur les rives de la Loire, Tomoyuki Nakamizu a eu l’excellente idée de venir à notre rencontre. Titulaire du 3e dan, il pratique avec nous depuis plusieurs semaines.
Tomo vit aujourd’hui à Dakar, où il travaille aux côtés d’une ONG japonaise. Avec l’aide d’une amie, Saki Oishi, il a fondé le premier club de kendo du Sénégal. C’est une belle initiative, qui mérite d’être connue et soutenue !
1. Peux-tu te présenter ? Quel est ton parcours de kendoka au Japon ?
Je m’appelle Tomoyuki Nakamizu. Je viens de la petite île de Kagoshima au Japon, et j’ai 26 ans. J’habite désormais à Dakar au Sénégal. Je fais du Kendo depuis 16 ans. J’ai commencé à cause de mon père qui en faisait lorsqu’il était jeune. Au début, je n’ai pas aimé du tout, mais progressivement j’ai compris l’esprit du Kendo, et maintenant je trouve beaucoup de plaisir à pratiquer le keiko.
2. Pourquoi es-tu parti au Sénégal ?
Je travaille pour une association japonaise qui s’appelle « Ashinaga ». C’est une organisation non gouvernementale qui donne des bourses d’études aux orphelins principalement au Japon et en Afrique. J’ai été chargé de lancer un nouveau bureau à Dakar, et nous nous y sommes établis en 2014. A présent, je suis directeur de ce bureau, qui est en charge des pays francophones en Afrique sub-saharienne.
3. Comment as-tu eu l’idée de créer un club de kendo ? Peux-tu nous raconter l’histoire de ce club ?
Quand je suis arrivé, le Kendo n’était pas connu du tout au Sénégal, et, bien sûr, aucun club n’existait. J’étais inquiet de la façon dont j’allais pouvoir commencer le Kendo à Dakar, car je voulais vraiment pouvoir pratiquer. Heureusement, j’ai rencontré une femme qui s’appelle Saki Oishi. Elle a été envoyée comme volontaire pour enseigner le japonais dans une école privée à Dakar. C’est aussi une Kendokate qui a pratiqué le kendo pendant plus de 10 ans, et qui avait, elle aussi, l’objectif de commencer le Kendo à Dakar.
C’est grâce à Nabeshima-sensei, de l’Université de Tsukuba, qui était le professeur de Saki Oishi, que nous avons pu commencer. Nabeshima-sensei nous a envoyé des bogus, des tenues, et des shinaï d’occasion gratuitement. C’est ainsi que nous avons pu commencer. Nabeshima-sensei est aujourd’hui le grand-sensei de notre club, et le plus grand contributeur du kendo au Sénégal.
4. Es-tu le seul Japonais à pratiquer le kendo au Sénégal ?
Non, il y a deux autres Japonaises. Mlle Saki Oishi qui est titulaire du 3e dan, et une autre femme. Nous enseignons tous les trois le Kendo à présent.
5. Combien as-tu de pratiquants dans ton dojo ?
Il y a environ 20 membres maintenant. En raison du Ramadan, ou parce que nous n’avons pas de bon endroit pour pratiquer en été (il fait trop chaud pour s’entraîner, même les suburi !), il arrive que nous ne puissions pas pratiquer, mais, en général, nous avons environs 6 à 8 membres à chaque cours.
6. Sur le plan matériel, j’imagine qu’il n’est pas simple de se procurer des shinaï et des armures au Sénégal : comment as-tu procédé ?
La plupart des matériels que nous employons sont des dons du Japon. Lorsque nous avons commencé la pratique, nous avons utilisé les matériels donnés par Nabeyama-sensei. Depuis, nous avons aussi reçu des shinai et bogus d’occasion de certains dojos et lycées du Japon.
Récemment, nous avons eu la grande chance de recevoir un important don de matériel de la part de la Fédération japonaise de Kendo, par l’intermédiaire de l’ambassade du Japon au Sénégal.
7. Dans quelle salle pratiquez-vous ? Disposes-tu d’un dojo avec du parquet ?
Il y n’a pas de dojo avec parquet, donc nous pratiquons dans un dojo de Judo avec Tatami. C’est un rêve pour nous de pouvoir pratiquer dans un dojo avec du parquet !
8. Sur le plan administratif, existe-t-il une fédération sénégalaise de kendo ? Le club est-il rattaché à une association/fédération ?
Non, nous n’avons pas d’association officielle de Kendo, mais nous sommes enregistrés sous la Fédération de Judo. C’est parce que nous devions enregistrer le club de Kendo sous la fédération de Judo pour pouvoir utiliser le dojo, autrement nous n’aurions pas pu pratiquer.
9. Avez-vous bénéficié de l’aide et/ou de l’expertise de la fédération japonaise de kendo (ZNKR) ? Avez-vous déjà pu faire venir des experts haut-gradés ?
Oui, comme je l’ai indiqué ci-dessus, nous avons reçu des matériels en soutien. Mais nous n’avons pas pu faire venir des experts haut-gradés. C’est l’un de nos souhaits !
10. Quelles difficultés particulières avez-vous rencontré dans l’histoire de ce club ?
La plus grande difficulté est d’avoir un dojo pour pratiquer. Quand nous avons commencé, nous avons utilisé une salle si délabrée que des morceaux de plafond tombaient à cause des chocs à chaque entraînement. Aujourd’hui, nous pouvons seulement pratiquer dans un dojo de Judo avec tatami et beaucoup d’espace, mais pendant l’été il y fait très chaud ; nous ne pouvons pratiquer que de 12h à 14h les samedi et dimanche. Aucun autre créneau n’est disponible.
Merci pour ces réponses Tomo ! Les photographies sont, pour la plupart, de Mlle Saki Oishi.